jeudi 19 mars 2015

la Tunisie, hélas!

Il y a près de trois mois, je souhaitais à la nouvelle Tunisie de Monsieur Essebsi de réussir son entrée dans le club restreint des pays démocratiques.
Entre temps, Monsieur Essebsi fit entrer des  membres de Ennahdha au gouvernement. Certes, ils  avaient des  postes secondaires et jouaient un rôle mineur. Toutefois, l'observateur étranger conservait un certain scepticisme.
Puis, il y eut les tragiques événements d'hier; 19 morts? peut-être plus.
Le sud de la  Tunisie échappe au contrôle  de l'état de droit.
Les frontières de la Tunisie avec la Libye sont perméables et l'instabilité de ce pays depuis la chute de Khadafi représente un danger pour ses voisins, l'Egypte,  comme on a pu le constater,  il y a quelques jours et bien évidemment la Tunisie.
J'aurais donc une pensée pour les "droits de l'hommistes patentés" que sont Bernard Kouchner et BHL qui ont su peser de leur influence pour que la France intervienne en Libye. Aujourd'hui,  ils sont bien discrets! Quant à Monsieur Sarkosy, principal artisan de l'intervention militaire en Libye, il présente ses condoléances aux familles des victimes du musée du Bardo.
L'Occident depuis dix ans ne cesse de subir les conséquences de ses interventions militaires; en Irak avec la coalition Bush-Blair; et en Libye où l'on retrouve les Britanniques -décidément très va-t-en guerre!- aux côtés des Français. Ah, si Dominique de  Villepin avait pu nous  refaire le discours d'il y a  dix ans!
En conclusion force  est de constater, qu'à cause de politiques inconséquents et d'intellectuels aveugles, des rives de l'Euphrate aux  boucles du Niger, une immense  zone a sombré  dans le chaos et la  barbarie!  

lundi 9 mars 2015

Hélie Denoix de Saint Marc, Maurice Thorez et Georges Marchais

Robetrt Ménard, maire de Béziers a donc décidé de  débaptiser la rue du 19 mars 1962 pour l'appeler rue Hélie Denoix de Saint Marc.
Tollé de la  FNACA, tollé à gauche, bronca du PCF, des  Jeunesses Communistes et d'autres encore.
Pierre Laurent, secrétaire général du PCF est indigné qu'on attribue le nom d'une rue à un officier putschiste.
Pierre Laurent a la mémoire courte ou ne connaît pas l'histoire de son parti. 
Je me permets de lui rappeler -ou de lui apprendre- qu'en septembre 1939, le secrétaire général du PCF de l'époque, Maurice Thorez, alors incorporé sous les drapeaux dans la  France en guerre, décida de déserter afin d'être fidèle au pacte germano-soviétique. Puis il gagna l'URSS où il passa cinq années paisibles aux frais du Tsar Rouge, Joseph Staline. 
En février 1941, un jeune homme âgé  de dix neuf ans, Hélie  Denoix de Saint Marc décide lui de s'engager dans la  Résistance; dénoncé en juillet 1943, il est déporté à Buchenwald d'où il en sort moribond en 1945.
Au printemps 1941, un autre jeune homme âgé de 21 ans, Georges Marchais s'apprête à convoler en justes noces et travaille à l'usine. Appelé à travailler dans les usines Messerchmidt en Allemagne, il y passe quelques mois; puis il s'en évade, c'est du moins ce qu'il affirmera dans les années soixante dix lorsque surviendra la  polémique sur son attitude pendant la seconde guerre mondiale. En tout cas, je ne  sache pas qu'il ait été résistant.
A la fin de la guerre, de Gaulle grâcie Thorez(!). En effet, il avait été condamné à six ans de prison pour désertion. Après sa mort en 1964, de  nombreuses municipalités communistes donnèrent son nom à une rue, une avenue ou une place sans  que  personne ne s'indigna qu'on donnât un  nom de rue à un déserteur.
Quant à Georges Marchais, son passé trouble ne l'empêcha pas  de devenir secrétaire général du PCF et candidat à la  présidence de  la  république!
Enfin, je voudrais rappeler à la  FNACA si attachée au 19 mars, qu'entre cette date et le  1er juillet 1962, le Ministère des Armées compte parmi les militaires 330 tués, 349 blessés et 36 disparus. Il est de bon ton d'attribuer ces pertes à l'OAS; une  précision s'impose, l'OAS ne  procédait pas à des enlèvements. Quant aux 679 autres victimes, on est en droit décemment d'en attribuer un très grand nombre au FLN. 
Pour conclure, entre le 1er juillet 1962 et le 31 décembre 1962, le Ministère des Armées compte toujours parmi les militaires 30 tués, 73 blessés et 126 disparus! Or tout le monde est d'accord pour affirmer qu'à partir du 1er juillet il n'y avait plus aucun OAS sur le sol algérien. D'autre part, il conviendrait également de se souvenir des centaines de victimes du 5 juillet à Oran.
Pour toutes ces raisons, célébrer la date du 19 mars est une insulte aux morts, blessés, disparus, victimes de la stratégie délibérée de terreur du FLN qui ne voulait pas d'Européens dans l'Algérie indépendante.

dimanche 1 février 2015

Zemmour et Boumedienne

La polématique médiatique autour d'Eric Zemmour étant quelque peu retombée, j'en profite, loin des passions suscitées par ses paroles pour revenir sur certains propos afin de les réinscrire dans l'Histoire.
Il semblerait donc, que tout au moins implicitement, le polémiste n'aurait pas écarté l'idée d'un déplacement de population, en rappelant "qu'en 1940, personne n'aurait pensé que vingt ans plus tard, un million de Français d'Algérie seraient contraints de quitter le sol sur lequel ils étaient nés".
Devant la levée de boucliers de censeurs dont nombreux sont issus de la gauche moralisatrice et bien pensante, je me permettrai de rappeler ces faits.
Quelques années avant qu'Hitler eût commencé la déportation des Juifs et des Tsiganes, Staline organisait le déplacement de centaines de milliers de personnes au sein de l'immense URSS; il poursuivit tout aussi consciencieusement ces déplacements après 1945.
D'autre part au lendemain de la seconde guerre mondiale, des centaines de milliers d'Allemands résidant en Europe de l'Est ou en Europe Centrale furent contraints de  quitter les régions où  ils habitaint pour rejoindre le territoire de la nouvelle  RFA. C'est ainsi que les  Allemands de Prusse Orientale installés là depuis des siècles se retrouvèrent sur les rives du Rhin par exemple.
Entre 1947 et 1962, ce fut le lent cortège vers l'Europe des Hollandais d'Indonésie, d'Indochinois fuyant le  communisme, de Français d'Afrique du Nord,  de  Belges du Congo. Mais  c'étaient bien évidemment d'affreux colons, exploiteurs et impérialistes, ils n'avaient que ce qu'ils méritaient. Point de compassion!
Cet exode des colonies connut un nouveau pic en 1975 avec le départ précipité, la peur au ventre et une valise dans  chaque main de 500 000 portugais fuyant l'Agola, le Mozambique la Guinée Bissau et le  Cap Vert.
Mais cette année 1975 connut un autre déplacement massif de population totalement oublié. 
Le 18 décembre, 45 000 familles marocaines, soit environ 350 000 personnes furent expulsées en 48 heures d'Algérie, sur ordre du président de la république d'alors, Houri Boumedienne. Celui ci avait auparavant pris conseil auprès de son ministre des Affaires Etrangères, un certain Abdelaziz Bouteflika!
La chasse à l'homme des Marocains avait commencé dix jours auparavant. Nombreux furent rassemblés et engouffrés dans des camions qui les dirigèrent vers la  frontière. Ceux qui étaient encore chez eux le 18 décembre furent expulsés sans  ménagement, alors que c'ètait l'Aïd el Kébir. Les couples mixtes furent séparés. Des pères ou des mères furent séparés de leurs enfants. Les biens des Marocains furent confisqués. Leurs avoirs bancaires furent bloqués. Pourtant certains d'entre eux avaient soutenu leurs frères algériens dans la lutte pour l'indépendance. Nombre d'entre eux étaient  nés en Algérie! Ironie de l'histoire, ceux là avaient la possibilité de demander la  nationalité française!
Les déplacements de populaation se poursuivirent après 1975 ailleurs dans le monde; Bosniaques fuyant les massacres en Croatie ou en Serbie, populations de l'Afrique Equatoriale errant en quête de paix... Plus récemment des milliers de Chrétiens d'Orient sont contraints à l'exil
Il semble bien que le concept de déplacement de populations soit inscrit dans l'histoire de l'humanité.

samedi 31 janvier 2015

Chuchill et Mers el Kébir

Cet article sera bref.
Mais je ne peux m'empêcher de réagir aux informations incomplètes véhiculées  par les médias. Depuis deux jours à la télévision, on nous ressasse la grandeur de l'homme,  Churchill, le "Vainqueur de la  Deuxième  Guere  Mondiale". Loin de moi l'idée  de  contester la valeur du Premier  Ministre qui sut insufler  à son peuple le  courage et la  détermination nécessaires pour lutter contre le  Nazisme.
Quant à moi, j'aurai une pensée pour les 1297 marins français morts dans  la  rade de Mers el  Kébir le  3 juillet 1940 après  que ce même Churchill eût ordonné la  destruction de la flotte française, qui, à quai, n'eut pas les moyens de combattre. L'aurait-elle  fait? J'en doute, tant il est acquis qu'une grande majorité de l'armée française était  alors germanophobe.
Ces marins  français morts pour la France subirent en outre une humiliation, puisqu'enterrés à Mers el  Kébir, le  cimetière fut profané en 2004!
In Memoriam! 

lundi 19 janvier 2015

Soumission, Houellebecq, l'Islam et Gabriel Audisio.

Ces derniers  jours, Soumission, le  dernier livre de Michel Houellebecq a fait couler beaucoup d'encre. L'auteur a été accusé de mettre de l'huile  sur  le feu, eu égard au  fait que la sortie du livre coïncidait avec  les attentats contre Charlie Hebdo et l'épicerie Casher de Vincennes.
Il s'avère que l'ouvrage reçoit un accueil triomphal en Allemagne où 100 000 exemplaires ont été vendus en une semaine et qu'un nouveau tirage de 50 000 exemplaires est prévu.
Je ne parlerais pas de Soumission, ne l'ayant pas lu. Je retiens toutefois que l'auteur prévoit dans sa fiction qu'en 2022 la  France élit un président de la république musulman; d'où Tollé chez nos bien pensants!
Ce scénario m'a rappelé celui d'un autre ouvrage tombé dans  l'oubli.
En 1925, un jeune écrivain français -lui aussi oublié- Gabriel Audisio, publiait un roman, Trois hommes et un minaret.
L'oeuvre est une fable originale et truculente que  je me permets de vous narrer brièvement. Un Elu arrivant au Paradis est prié par Saint Pierre de raconter ce qui se passe sur la Terre. Venant de France, l'Elu raconte les bouleversements que son pays a vécus. La France s'est vu contrainte de faire appel à de nombreux étrangers pour réparer ses forces -nous sommes, il convient de le rappeler au lendemain de la première Guerre Mondiale- pour assurer la continuité de sa race et mettre à execution un vaste programme de travaux publics. Des racoleurs sillonnent les villes et les campagnes d'Algérie et de nombreux Musulmans s'embarquent pour Marseille d'où ils gagnent Paris. Confronté à l'arrivée sans cesse croissante de nombreux immigrés, le Gouvernement Français dans sa grande générosité conçoit le projet d'édifier en plein coeur de la capitale un Collège Pan Mahométan. Sitôt construit le Collège attira, outre les Musulmans de France, une population hétéroclite composée de "Jeunes Turcs, de Marocains, de Syriens...que leurs pères envoyaient en Occident pour en faire des Musulmans d'élite". Mais bien vite le Collège -qui attire également des touristes et des Parisiens friands d'Orientalisme- révèle un pouvoir magnétique jusqu'alors insoupçonné, surtout le Vendredi, lors de l'appel à la prière. Une foule nombreuse se dirige vers la mosquée du Collège, musulmans évidemment mais aussi chrétiens et mécréants. Ainsi, un voisin, Tristan Lerâle, libre penseur de son état qui assiste à la scène de son balcon, invite passants et amis et juge tout cela "sacré, noble et poétique". D'autre part, le Mufti, homme d'une grande séduction, au regard de braise, séduit Olga une  jeune femme entretenue par un riche négociant bedonnant. Le même jour, le Mufti reçoit la visite  de l'épicière désireuse de lui offrir ses charmes, mais ne la jugeant pas digne de lui octroyer ses faveurs, il la met d'autorité dans les bras de son serviteur. Le libre penseur Tristan Lerâle se convertit à l'Islam et va jusqu'à se faire circoncire par son médecin. Impressionné, le Mufti proclame Lerâle Sultan. Au terme de cette folle journée, l'intrigue bascule dans la démesure. Sous l'influence conjointe des trois hommes, le Mufti devenu "Mufti des Gaules", son serviteur promu "Emir des Armées" et le Sultan, Paris devient musulman. Puis la France devient "la fille cadette de l'Islam". Au Paradis, Nostradamus annonce:"J'avais prédit les faits!". Les pays voisins redoutent la France. Ils ont déroulé sur leurs frontières des cordons sanitaires afin d'empêcher les prosélytes de faire des adeptes chez eux. La France connaît une  mutation économique sans précédent: fin de l'élevage porcin, mévente des vins, fin des spéculations boursières...
A ce stade du récit, Saint Pierre était fort chagriné.
Heureusement,"un nouveau Chales Martel se lève en la personne de Célestin Bobon, pharmacien à Sisteron qui fonde une société secrète, le Fodouk des Marseillais, fomente un soulèvement, rétablit la Bourse et l'élevage porcin, et boute l'envahisseur hors  de France".
Le roman connut des fortunes diverses; après avoir reçu un prix  littéraire, il tomba dans l'oubli, à tel point qu'Albert Memmi dans son Anthologie des écrivains francophones d'Afrique du Nord, cite Audisio, parle de son oeuvre, mais mentionne juste Trois hommes et un minaret dans la biblioggraphie. Il en est de même de Louis Brauquier qui dans Les Cahiers du Sud, n° 20 consacré à Audisio, rappelle leur profonde amitié, loue le  poète, mais oublie de mentionner ce roman.
L'ouvrage a toutefois  été réédité il y a  quelques années chez l'Harmattan.
Quant à Gabriel Audisio, qui s'est longtemps partagé entre la France et l'Algérie, qui a bien connu et vraisemblablement influencé Camus, il est décédé en 1978 à Yssy les Moulineaux.    

Nota: l'intégralité de mon article a été publié dans l'ouvrage Camus, Audisio, Roblès, frères de soleil, éditions Edisud, 2003.