lundi 30 décembre 2024

 Découverte d'un décolonial

En décembre 2023, est paru aux éditions Le Tripode, Moi le glorieux de Mathieu Belezi.

Qui est Mathieu Belezi? De son vrai nom Gérard-Martial Princeau, il est né à Limoges en 1953. Diplômé de géographie, il enseigne en Louisiane, puis s'en va vivre au Mexique, au Népal, en Inde... En 1999, il décide de se consacrer à l'écriture et depuis 2004 il vit dans le sud de l'Italie.

C'est en 2011 qu'apparaît dans son roman Les vieux fous, le personnage d'Albert Vandel  riche colon pieds noirs. On le retrouve dans Moi le glorieux paru en 2023 et dans Le temps des crocodiles publié en 2024.

Notre critique portera sur Moi le glorieux.

Qui est le Glorieux? Il s'agit donc d'Albert Vandel, riche colon, il possède 2350 hectares de terres: vignes, agrumes, céréales... et plusieurs propriétés.

Albert Vandel "achète tout"; tout ce qui se vend, mais aussi ce qui ne se vend pas. Il achète aussi les députés, les ministres.

Selon Mathieu Belezi, Vandel est l'allégorie de la colonisation; lors des premières pages, l'action se déroule à la veille de l'indépendance de l'Algérie. Réfugié dans son bunker, protégé par plusieurs dizaines de légionnaires armés jusqu'aux dents, il se remémore son passé qu'il raconte à Ouhria, jeune kabyle qui vient chercher quelque réconfort entre les énormes cuisses d'Albert, vieillard impotent et impuissant. Car Vandel a 150 ans, il a vécu les débuts de la conquête, " il a sorti l'Algérie de sa fange paresseuse", il a la main sur Bastos, sur la Société Algérienne des Eaux, sur le marché de l'Alfa, sur la Banque Industrielle de l'Afrique du Nord, sur les Ciments Lafarge, sur les ports, sur le marché  des phosphates, sur la presse...

Mais Vandel est pétri de qualités; il est pétainiste pendant la guerre, il "bouffe" du bolchevik et du socialo -" "au trou Thorez et Blum"-, il est antisémite, machiste, violeur à l'occasion, aime par dessus tous les orgies et les femmes, obsédé par le sexe -l'auteur nous inflige trois pages de descriptions pornographiques de la nuit de noces de Vandel-, obsédé également par la longueur de son braquemart -24 ou 25 cm selon les moments, vit passionnément de nombreuses coucheries - il a eu six femmes légitimes et d'innombrables maîtresses car il possède toutes les femmes, riches ou pauvres-, grand buveur de whisky, de Dom Pérignon et de Châteauneuf du pape, il fume des cigares cubains. Il a plusieurs voitures, dont une Jaguar et une Cadillac qu'il maltraite sur les routes encore mal goudronnées de la Mitidja -dans les années trente. Son Algérie, c'est le Far West, il se fait justice et fouette à  mort trois Arabes qui ont eu le malheur de pénétrer sur ses terres. Vandel, à l'occasion des fêtes du centenaire reçoit fastueusement le président de la république, qu'il méprise, comme tous ces ministres venus de métropole et qui ne savent rien de l'Algérie. L'auteur a parfois la rime riche -crouille et couille- et se complet dans des descriptions de scènes orgiaques ou de scènes de guerre tout droit sorties de western de série B.

Voilà donc la colonisation vue par un décolonial forcené. Avouons qu'il est difficile d'aller jusqu'au  terme du livre -329 pages quand même-. L'histoire finit mal bien évidemment, alors que Vandel tente après avoir quitté son domaine de traverser l'Algérie, et se dirige vers le Sahara afin de gagner l'Afrique du Sud, ses légionnaires harcelés par des rebelles tombent les uns après les autres, et Vandel le dernier, à qui on coupe les c......, ce qui était sa hantise, lui qui en avait tant coupé aux crouilles qui vouaient attenter à sa vie.

Mathieu Belezi est donc persuadé que la colonisation était un crime contre l'humanité, et utilise tous les clichés les plus grossiers et les plus éhontés jusqu'à donner la nausée au lecteur, tant son style -que d'aucun critique qualifie de truculent-est vulgaire et son histoire qu'il voudrait tragique n'est qu'une succession de faits ennuyeux, lassants et redondants.

lundi 16 décembre 2024

 

La Gauche française, Sandrine Rousseau et Boualem Sansal

 

Le grand écrivain franco-algérien Boualem  Sansal a été arrêté le 16 novembre à sa descente d'avion à Alger par la police algérienne. Son délit? Apparemment ses récents propos auraient offensé les autorités algériennes.

Mais encore? Les propos de Boulem Sansal sur le Sahara occidental et sur la frontière algéro-marocaine, au moment où le président de la République française était en voyage officiel au Maroc,  auraient fortement irrité le pouvoir algérien. Il convient également de rappeler que dans un passé récent, Boualem Sansal a toujours dénoncé les dangers de l'Islam salafiste en France et a laissé entendre que l'Algérie était un régime autoritaire. Cela a suffi pour que le gouvernement algérien procédât à son arrestation pour atteinte à la sûreté de l'état.

Très rapidement, dans le monde, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer ce qu'elles considéraient comme un arbitraire. C'est ainsi que les écrivains Salman Rushdie, Wole Soyinka, Orhan Pamuk, Alaa Aswarny, Roberto Saviano, Peter Sloterdjik... ont réclamé sa libération immédiate. En France, les prix Nobel J.M.G. Le Clézio et Annie Ernaux, l'académicien  François Ruffin, Emmanuel Carrère...  et d'autres voix émanant du monde politique ont demandé également sa libération. Du monde politique, ai-je dit? En réalité, je me dois de nuancer mon propos car à gauche, hormis l'ancien président François Hollande, le député Jérôme Guedj et quelques rares membres du P.S. qui émirent des protestations, la gauche donc se signala par un silence assourdissant. Je ne crois pas avoir entendu Monsieur Mélenchon et ses sbires, monsieur Bompard, mesdames Panot, Aubry... émettre une quelconque défense de l'écrivain, ni l'éminent communiste monsieur Roussel. Chez les écologistes, l'omni-présente sur les plateaux de télévision Marine Tondelier est d'un mutisme consternant. Mais la palme de l'ignominie est revenue sans contestation à madame Sandrine Rousseau.

Selon elle, Boualem Sansal est un suprémaciste. Toujours selon elle, les propos de l'écrivain relèvent de l'extrême droite !!

Madame Rousseau a-t-elle vérifié la définition de suprémaciste. Aidons-là: "partisan d'une idéologie qui postule la suprématie d'une race" en l'occurrence, bien évidemment la race blanche. On est en droit de rester abasourdi devant une telle assertion. Mais dans la vilénie on peut faire pire et madame Rousseau ne s'en prive pas. Boualem Sansal a tenu des propos d'extrême droite; lesquels? Ceux qui mettent en garde contre l'Islam salafiste, bien sûr. Parce qu'en France, quiconque ose critiquer l'Islam est un fasciste. C'est ainsi que Michel Onfray, Florence Bergeaud-Blackler, voire même Gilles Kepel qui, il y a trente sept ans était un lanceur d'alerte avec son livre Les Banlieues de l'Islam, seraient donc des fascistes. En mai 2023, Florence Bergeaud-Blackler n'a pu donner une conférence à la Sorbonne sur les Frères Musulmans. Quoi de plus normal pour madame Rousseau et ses séides qui ont la liberté d'expression sélective.

D'autre part, madame Rousseau ne connaît pas apparemment l'histoire du Maghreb contemporain. Il convient donc de l'aider et de lui rappeler qu'au XIXème siècle avant la présence française en Afrique, le sultan chérifien exerçait son autorité du détroit de Gibraltar quasiment jusqu'à Saint Louis du Sénégal et que le peuple sahraoui, si tenté que cette entité nationale existât alors, vivait sous le gouvernement marocain. Il convient également de lui rappeler que la frontière algéro-marocaine a été créée par les Français, qui, avant la signature du protectorat avec le Maroc ont considérablement "poussé" la frontière afin de faciliter leur pénétration en territoire marocain. Boualem Sansal, qui  connaît bien l'histoire du Maghreb a donc raison. Je recommande à madame Rousseau de se rendre sur le site de mon confrère Guy Pervillé, grand spécialiste de l'histoire du Maghreb contemporain afin de parfaire sa culture historique. Mais peut-être qu'elle préfère se documenter chez Benjamin Stora, lequel a tenu des propos odieux sur Boualem Sansal alors qu'il intervenait il y a quelques jours sur France V.

Brisons là et concluons. 

Les dictatures ont toujours craint le pouvoir des mots. En Russie, Alexeï Navalny a payé de sa vie son inlassable dénonciation d'un pouvoir autoritaire et corrompu.

Dans le Chili de Pinochet, le grand écrivain Luis Sepulveda est resté emprisonné 27 mois dans les geôles du dictateur; j'ose espérer que Boualem Sansal ne connaîtra pas le même sort.

mercredi 4 décembre 2024

 

Qui était Larbi Ben M'hidi?

 

         Le 1er novembre 2024, le président de la république Emmanuel Macron reconnaissait que Larbi Ben M'hidi avait été assassiné par des militaires français. D'autre part, l'ambassadeur de France en Algérie déposa une gerbe de fleurs de fleurs sur la tombe de Ben M'Hidi.

         L'information, relayée par les médias, a dû laisser la majorité des Français perplexes, car l'homme leur était totalement inconnu. Par contre une frange de la population a réagi violemment, jugeant cet acte inacceptable et insultant.

         Qui était donc Larbi Ben M'hidi? Né en 1923 dans les Aurès,  il fait des études secondaires après l'obtention de son certificat d'études. A dix sept ans, il s'engage dans les rangs de scouts musulmans, puis adhère au Parti du Peuple algérien (PPA) de Messali Hadj et milite en faveur de l'indépendance de l'Algérie. Au lendemain des événements de Sétif, il est arrêté. Sitôt relâché, il adhère au MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques). . En février 1947, est créée l'Organisation Spéciale (O.S.) au sein de laquelle, on retrouve dans le comité directeur des figures qui joueront un rôle déterminant durant la guerre d'Algérie, comme Ben Bella, Boudiaf, Hocine Aït Ahmed.. L'O.S. se lance dans la lutte armée et s'illustre par une série d'actions spectaculaires, dont la plus célèbre est l'attaque de la grande poste d'Oran. En 1950, l'O.S. est démantelée par la police française, des centaines de militants sont arrêtés et jugés, ceux qui ont pris la fuite sont jugés par contumace; c'est le cas de Ben M'Hidi qui écope d'une peine de dix ans de prison. Commence alors pour lui une vie dans la clandestinité durant laquelle il ne reste pas inactif, puisqu'en juin 1954, il fait partie du Groupe des 22 qui se prononce pour "la révolution illimitée jusqu'à l'indépendance totale". Lors du déclenchement de l'insurrection, Ben M'Hidi s'est vu confié la direction de la wilaya V (Oranie). En 1956, quitte la direction de la Wilaya V et la confie à son adjoint, le sinistre Boussouf qui fit régner la terreur dans ses rangs et qui fut l'un des assassins de son compatriote Abane Ramdane. Ben M'Hidi est alors à la tête de la Z.A.A. (Zone Autonome d'Alger) et organise une série d'attentats visant la population civile afin de semer la terreur dans la ville. Le plus célèbre est celui du Milk Bar, le 30 septembre 1956, glacier réputé et fréquenté par des familles revenant de la plage. Trois jeunes femmes sont tuées, une soixantaine de personnes sont blessés parmi lesquelles de nombreux enfants dont les petites Nicole Guiraud amputée d'un bras et Danille Michèle-Chich amputée d'une jambe. En janvier 1957, face à ces attentats aveugles, est lancée la Bataille d'Alger à la tête de laquelle est nommé le général Massu. Ben M'Hidi est arrêté le 23 février 1957 et exécuté sans jugement dans la nuit du 3 au 4 mars 1957.

         Après l'indépendance, Ben M'Hidi est élevé au rang de héros national. Une université une commune portent son nom.  Il est présenté comme le "Jean Moulin algérien". A ce stade de mon article, que l'on me permette d'émettre un   avis, je doute fort que Jean Moulin ait commandité des attentats visant à tuer des femmes et des enfants.

         Autre ombre au tableau, en 2017, dans une interview donnée au journal El Watan, la sœur de M'Hidi émet très sérieusement l'hypothèse que son frère ait été dénoncé à l'armée française par un de ses compagnons d'armes, dont elle cite même le nom !

         Alors l'initiative du président de la république française était-elle judicieuse?

         Je laisse le lecteur juge.