samedi 27 décembre 2014

Du discours de Carthage à l'élection de Beji Caïb Essebsi

Le 31 juillet 1954, Pierre Mendès France, alors Président du Conseil, prononçait le célèbre discours de Carthage qui ouvrait la porte à l'indépendance de la  Tunisie et du Maroc.
Quelques jours plus tôt, le 20 juillet, les accords de Genève -consécutivement au désastre de Dien Bien Phû survenu le 7 mai- octroyait l'indépendance à toute la  péninsule indochinoise et trois états nouveaux naissaient, le Viet Nam, le Laos et le  Cambodge.
L'Empire Français, ou plutôt l'Union Française s'effritait.
Le 4 août, de violentes émeutes éclataient au Maroc, les manifestants revendiquant entre autre le retour du Sultan que la  France avait exilé.
Par contre en Tunisie, Bourguiba appelait à cesser les hostilités contre les intérêts français.
Le 1er novembre en Algérie, survenaient les attentats de la  Toussaint Rouge, qui firent l'objet du premier article de mon blog. Le 12 novembre, François Mitterrand, ministre de l'Intérieur de Pierre Mendès France déclarait la guerre au F.L.N. et proclamait que "l'Algérie, c'était la  France". Est-ce pour cela que la Gauche française s'est depuis engagée dans une politique de repentance, afin de  faire oublier la politique qu'elle mena en Algérie au moins jusqu'en 1958?
En Tunisie, la voie vers l'indépendance à laquelle elle accéda le 20 mars 1956 était toute tracée.
Lamine Bey fut le dernier souverain et fut déposé par Habib Bourguiba qui exerça un pouvoir autoritaire durant trente années. Le "vieux lion" viellissant et fatigué fut à son tour déposé par Zine el Abidine Ben Ali qui exerça lui aussi vingt quatre années durant un pouvoir autoritaire avant d'être contraint à l'exil en janvier 2011 par "la révolution de jasmin". Les trois années qui suivirent furent quelque peu chaotiques, comme tous les lendemains de révolutions.  Il y a quelques jours Beji Caïd Essebsi a été démocratiquement élu, semble-t-il. Essebsi avait 28 ans lors du discours de Carthage et faisait alors partie de la garde rapprochée de Bourguiba.
Il aura donc fallu soixante années pour que la Tunisie accède au statut de pays démocratique. Hier, sur une chaîne de télévision, l'écrivain algérien Boualem Sansal affirmait qu'aucun pays arabe n'avait encore accédé à l'état de droit. Certes, l'Algérie, soixante ans après la  Toussaint Rouge et cinquante deux ans après son accession à l'indépendance est toujours sous la férule autoritaire du F.L.N. qu'une Gauche française a encensé, oserai-je affirmer que, si elle ne  l'encense pas, du moins ne condamne-t-elle pas ce régime antidémocratique.
Que dire du Maroc et des espérances qu'avait suscitée l'accession au trône de Mohamed VI ?
Que dire de la Lybie indépendante depuis soixante trois ans? Quant à l'Egypte...
Mais peut-être doit-on une nouvelle fois accuser le colonialisme  de tous les maux et d'avoir engendré des dictatures?
Puis-je affirmer qu'en Tunisie, Essebsi, c'est le changement dans la continuité?
Mais, objectivement, je me dois de souhaiter à la Tunisie nouvelle de réussir son entrée dans la voie démocratique et d'être un exemple pour le Maghreb.

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